Yahvé sauve
Il y a quelques jours c’était Noël. Au delà du foie gras et des cadeaux, j’ai voulu retrouver du sens. Alors j’ai ouvert l’évangile de Luc et j’ai médité. Ce qui m’a retenu, ce ne sont ni Quirinius ni les bergers mais l’annonce de l’ange : « Tu crieras son nom : Iéshoua » ( Luc 1, 32 ). Le cri a été tellement fort en moi que ce nom a résonné inlassablement dans ma tête : Jésus, Ieshoua, Yahvé sauve, ... Et le texte ci-dessous est né.
Iéshoua, Yah sauve...
Tu offres l’existence jusqu’à la dernière goutte 
Sans jamais rien retenir pour Toi, 
Mais au contraire en Te poussant 
Pour me laisser la place d’être. 
 
Iéshoua, Yah sauve... 
 
Tu me hisses du rien, de l’inanité, du non su. 
Tu me fais advenir de la poussière d’étoiles 
Dont tu nous as pétri, 
Et me permets l’accès à l’inouï de la vie. 
 
Iéshoua, Yah sauve... 
 
Tu extirpes ma peur de tout ce qui m’entoure 
Et pourrait assaillir ma fragilité d’homme. 
Te savoir présent là qui veilles et qui m’appelles 
M’aide à vaincre le noir s’il est à traverser. 
 
Iéshoua, Yah sauve... 
 
Tu ne sauves pas comme si un danger menaçait : 
Tu sauves parce que tu gardes, tu sous-tends, tu pérennises, 
Ce que les temps glacés font dépérir... 
Ton attention tient comme un roc, 
Bravant l’oubli et la brisure des maux 
Par la douceur patiente de Ta sollicitude. 
 
Tu ne sauves pas de quelque tare viscérale : 
Tu sauves parce que tu brilles, tu attires, tu émerveilles. 
Tu prends ton œuvre par la main et tu lui montres 
A quelle beauté elle peut prétendre. 
Et si elle se regarde au fond 
Elle voit ce que tu vis : « Que tout cela était très bon ». 
 
Tu ne sauves pas par des souffrances sadiques : 
Tu sauves en nous aidant à toiser le mépris. 
Tu nous indiques au travers des épines 
Quel chemin s’ouvre pour notre dignité, 
Car ton désir n’est pas de nous dissoudre 
Mais au contraire d’épanouir ce qui vit. 
 
Tu ne sauves pas d’un paradis perdu : 
Tu sauves en éclairant celui qui nous entoure. 
Être là, progresser, nous tenir, converger... 
Ce n’est pas un ailleurs l’horizon à chercher : 
La minute éternelle se tient au cœur du monde;  
Ta présence la dilate au delà du créé. 
 
Tu ne sauves pas par je ne sais quel rite : 
Tu sauves par la porte qu’on ouvre sur l’univers 
Comme le fit pour Toi un des nôtres autrefois. 
Yahvé sauve, Iéshoua, Jésus :  
Il épousait tellement Ton souffle 
Que sa voie est restée béante. 
 
Tu n’as pas sauvé le monde, tu continues : 
Car ce Fils du Très Haut dont parle l’ange 
Ce peut bien être moi aussi, si j’y consens. 
Non pour me garantir mais pour planter tout alentour, 
Plein d’arbres de salut dans le jardin, 
Sous lesquels, entre frères, nous pourrons nous asseoir.